À homme déséquilibré, chien fou : L’obéissance à son maître

Chien fou 2Pour la première fois dans ma vie, j’ai rencontré un chien fou pendant mes vacances.

Il est connu que beaucoup de chiens sont des dépendants affectifs, que certains sont également jaloux et veulent dominer en mordant les mâles qui semblent leur faire ombrage. Ce dernier comportement de domination du chien peut être accentué par un dressage à  l’attaque dans le but de protéger le maître et son territoire. Le chien dont j’ai fait la connaissance avait tellement été corrigé qu’il en était devenu « fou ». Sa folie se manifestait par des épisodes d’angoisse canine. Pour en diminuer l’intensité, il fallait lui donner une couverture contre laquelle il pouvait s’acharner, comme si elle personnifiait la victime toute désignée de sa rage de mordre un attaquant imaginaire. Le chien avait un comportement tellement imprévisible que la relation avec les personnes et les autres chiens était problématique. Son énergie, définitivement mal canalisée, l’amenait à tourner sur lui-même et à courir après sa queue pour mordiller quelque chose qui bouge. Le pauvre chien, du haut de ses 2 ans, était psychologiquement contaminé par une éducation à la dure, où les punitions quotidiennes étaient ses références relationnelles.

Le propriétaire du chien était un homme passablement déséquilibré, dont le souci était de se faire obéir au doigt et à l’œil par le pauvre animal en le punissant à répétition. De toute évidence, les punitions de l’animal avaient engendré un type de paranoïa dont le maître est l’origine incontestée.

Mon expérience me donne à penser que dominer les autres en utilisant des animaux entretient inévitablement la folie de l’ennemi potentiel. Il est nocif pour le développement psychologique de l’animal, mais aussi pour celui du maître, de privilégier la domination et la punition et d’encourager une surdose d’agressivité afin de se sentir protégé. Un animal peut devenir hyper- agressif dans le simple fait qu’un être humain lui a commandé de le faire, et ce, sans raison.

Ce chien fou m’a aussi fait réfléchir sur ce que les hommes peuvent inculquer aux animaux et, par ricochet, à nos jeunes en manque d’approbation parentale et de modèle d’autorité. L’obéissance à la dure telle qu’employée pour le dressage n’est pas souhaitable, car il sera très difficile de revenir à la normale. Un animal dressé pour attaquer et mordre le premier venu le sera pour toute sa vie. Les châtiments corporels pour désobéissance et l’éducation basée sur le respect de l’autorité ne donnent aucun résultat positif à long terme. Pire, c’est une torture infligée à un être vivant. Devoir exécuter des ordres sous peine d’être puni et battu, que ce soit pour un animal ou un être humain, cause des dommages irréparables psychologiquement.

La folie des hommes est grande quand il s’agit d’acquérir un pouvoir sur les autres et de le maintenir par des sévices. L’obéissance aveugle à son roi, son calife, son maître, son chef, son général, son imam, son gourou ou son président crée des « chiens fous » qui croient que défendre une personne ou un territoire définit leur identité personnelle. Ainsi se crée une chaîne d’autorité basée sur la crainte d’être puni, associée à des besoins affectifs qui ne seront comblés que par l’intensité de cette dépendance à la correction.

Dans notre monde moderne et technologiquement avancé, il y a encore beaucoup trop d’hommes déséquilibrés qui croient que le dressage des animaux comme celui de leurs enfants est une composante majeure de l’éducation, alors qu’il faut plutôt augmenter l’esprit critique, la faculté de réfléchir et faire appel à l’intelligence. Obéir à des règles de conduite, des croyances religieuses ou des dogmes de toutes sortes est souvent relié à la crainte d’être puni. L’obéissance forcée provoquera assurément toutes sortes de mauvais comportements en société, qui dureront pendant des années, voire qui seront transmis à l’autre génération comme un cadeau relationnel empoisonné.

Exploiter la dépendance affective des chiens, comme celle de nos enfants en bas âge, pour leur inculquer des peurs qui n’appartiennent qu’aux adultes qui ne se connaissent pas bien est un signe qu’il faut prendre au sérieux son propre développement personnel et surtout ses difficultés d’entrer en relation avec les autres. Si la nature du chien est d’obéir à son maître, quelle est la nature profonde de celui ou de celle qui désire devenir un maître ?

michel_delage

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Une réponse sur “À homme déséquilibré, chien fou : L’obéissance à son maître”

  1. Malheureusement, le sort de la bête est le même que celui des humains. Une prise de conscience est favorable à la manière de traiter notre flore animale, végétale, nos jeunes, nos enfants tout comme nos employers.

    Merci pour cet article fort intéressant !

    A+

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